Le 8 mars 2000 aura lieu la journée
mondiale de la repentance, à l'initiative du Vatican et dans le cadre
du grand Jubilé. Tous les catholiques sont concernés ; ils sont invités
à se laisser former intérieurement par cette préoccupation nouvelle.
A l'heure où la majorité des fidèles a déserté le sacrement de pénitence,
c'est un peu comme si on s'employait à dresser un gigantesque
confessionnal sur la scène du monde en invitant les catholiques, qui ne
se confessent plus à Dieu, à confesser les péchés de leurs prédécesseurs
devant l'image spectrale d'une Humanité désormais adulte et vaccinée,
qui exercerait le pouvoir quasi sacramentel de les absoudre. O Homme, s'écrieront
les chrétiens engagés et qui donnent l'exemple, nous avons péché
contre toi ; nous ferons désormais tout notre possible pour respecter
ton droit sacré, ta loi imprescriptible. Et l'un d'entre eux s'avancera
au micro pour dire à cette virtuelle statue du Commandeur : Vois ! Je
ne suis pas comme le reste de mes frères chrétiens qui, selon
l'expression du cardinal Etchegaray, n'ont pas su toujours préférer la
dignité de l'homme à ce qu'ils appelaient les droits de Dieu. Depuis
le concile Vatican II, nous avons définitivement changé tout cela et
nous répétons désormais à qui veut bien l'entendre que la gloire de
Dieu c'est l'homme vivant. La gloire de Dieu, c'est toi. Homme. Nous
prenons donc la ferme résolution de ne plus jamais contrevenir à tes
volontés, exprimées par le Suffrage universel lorsqu'il est vraiment démocratique
! Autrefois peut-être nous avons pu contracter avec toi un mariage de
raison. Maintenant, ce n'est plus pareil ; maintenant, comme dit encore
le cardinal Etchegaray, c'est de l'amour. Voilà sans doute comment on
peut se représenter le rite de la repentance. Autant dire qu'il ne
s'agit ni d'un gadget médiatique, ni d'une anecdote dans le pontificat
déjà très riche du pape Jean Paul II La repentance tous azimuts
contribuera à rendre irréversible l'élan réformiste de Vatican II en
vouant aux gémonies ce passé de l'Église que l'on souhaite une fois
de plus présenter comme un passif. C'est la raison pour laquelle nous
nous autorisons à reprendre le thème de la repentance, non pas dans
son utilisation révolutionnaire, non pas en tant qu'il favorise l'exécration
systématique du passé et l'adhésion à la religion de l'Homme, mais
au contraire en tant qu'il pourrait nous aider à marquer chrétiennement
notre repentir envers Dieu pour nos propres fautes d'indifférence
envers son Église. La crise que nous traversons manifeste l'échec de
Vatican II. Ce n'est même plus une question théologique ; c'est un
fait historique comme l'a montré avec talent Jean de Viguerie dans la
conférence magistrale qu'il a donnée devant 1500 personnes à la
Mutualité, et que vous pourrez lire dans ce numéro.
Nous voulons aussi montrer que nous pouvons quitter sans regret le XXème
siècle. Loin d'être le plus humain, ce siècle de l'Homme est sans
doute le plus cruel dans l'histoire de l'humanité. Il s'est puni lui-même
comme l'avait prévu Baudelaire dans l'Heautontimoroumenos : « Je suis
la plaie et le couteau, et la victime et le bourreau ». Claude Polin et
Claude Rousseau nous l'expliquent ici avec leur acuité habituelle.
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