Certitudes
Accueil
Articles en ligne

Centre St Paul

MetaBlog

TradiNews

Repentance

Abbé G. de Tanoüarn

Nouvelle revue CERTITUDES - janvier-février-mars 2000 - n°1

Le 8 mars 2000 aura lieu la journée mondiale de la repentance, à l'initiative du Vatican et dans le cadre du grand Jubilé. Tous les catholiques sont concernés ; ils sont invités à se laisser former intérieurement par cette préoccupation nouvelle. A l'heure où la majorité des fidèles a déserté le sacrement de pénitence, c'est un peu comme si on s'employait à dresser un gigantesque confessionnal sur la scène du monde en invitant les catholiques, qui ne se confessent plus à Dieu, à confesser les péchés de leurs prédécesseurs devant l'image spectrale d'une Humanité désormais adulte et vaccinée, qui exercerait le pouvoir quasi sacramentel de les absoudre. O Homme, s'écrieront les chrétiens engagés et qui donnent l'exemple, nous avons péché contre toi ; nous ferons désormais tout notre possible pour respecter ton droit sacré, ta loi imprescriptible. Et l'un d'entre eux s'avancera au micro pour dire à cette virtuelle statue du Commandeur : Vois ! Je ne suis pas comme le reste de mes frères chrétiens qui, selon l'expression du cardinal Etchegaray, n'ont pas su toujours préférer la dignité de l'homme à ce qu'ils appelaient les droits de Dieu. Depuis le concile Vatican II, nous avons définitivement changé tout cela et nous répétons désormais à qui veut bien l'entendre que la gloire de Dieu c'est l'homme vivant. La gloire de Dieu, c'est toi. Homme. Nous prenons donc la ferme résolution de ne plus jamais contrevenir à tes volontés, exprimées par le Suffrage universel lorsqu'il est vraiment démocratique ! Autrefois peut-être nous avons pu contracter avec toi un mariage de raison. Maintenant, ce n'est plus pareil ; maintenant, comme dit encore le cardinal Etchegaray, c'est de l'amour. Voilà sans doute comment on peut se représenter le rite de la repentance. Autant dire qu'il ne s'agit ni d'un gadget médiatique, ni d'une anecdote dans le pontificat déjà très riche du pape Jean Paul II La repentance tous azimuts contribuera à rendre irréversible l'élan réformiste de Vatican II en vouant aux gémonies ce passé de l'Église que l'on souhaite une fois de plus présenter comme un passif. C'est la raison pour laquelle nous nous autorisons à reprendre le thème de la repentance, non pas dans son utilisation révolutionnaire, non pas en tant qu'il favorise l'exécration systématique du passé et l'adhésion à la religion de l'Homme, mais au contraire en tant qu'il pourrait nous aider à marquer chrétiennement notre repentir envers Dieu pour nos propres fautes d'indifférence envers son Église. La crise que nous traversons manifeste l'échec de Vatican II. Ce n'est même plus une question théologique ; c'est un fait historique comme l'a montré avec talent Jean de Viguerie dans la conférence magistrale qu'il a donnée devant 1500 personnes à la Mutualité, et que vous pourrez lire dans ce numéro.

Nous voulons aussi montrer que nous pouvons quitter sans regret le XXème siècle. Loin d'être le plus humain, ce siècle de l'Homme est sans doute le plus cruel dans l'histoire de l'humanité. Il s'est puni lui-même comme l'avait prévu Baudelaire dans l'Heautontimoroumenos : « Je suis la plaie et le couteau, et la victime et le bourreau ». Claude Polin et Claude Rousseau nous l'expliquent ici avec leur acuité habituelle.