Vatican
II a quarante ans : cet anniversaire n'est pas passé inaperçu, loin de
là. Les ténors de la presse écrite sont revenus à l'envi sur cet événement.
Le 11 octobre 1962, Jean XXIII lançait dans son célèbre discours
inaugural, ce qui se voulait un grand cri d'amour à l'humanité: plus
de condamnation ! Oublions les oiseaux de malheur, ces corneilles intégristes,
et ne pensons qu'à la joie de l'humanité devant une Eglise qui désormais
veut aller à la rencontre de l'Homme ! Mesurons tous combien ce qui
nous unit est plus important que ce qui nous divise, continuait le pape
optimiste, et attendons la nouvelle Pentecôte qui ne manquera pas de se
produire...
Est-il
possible que les hommes d'aujourd'hui aient méprisé ce nouvel
humanisme affiché par l'Eglise avec tant de fierté ? Comment le monde
n'a-t-il pas été séduit devant ce spectacle d'un désarmement unilatéral
de la catholicité ? Voilà les questions qui tourmentaient sans doute
le pape Paul VI au douloureux tournant des années 70, lorsqu'il évoquait
les fumées de Satan pénétrant dans le sanctuaire et l'autodestruction
de l'Eglise. Les commentateurs n'ont guère rappelé cette mélancolie
impuissante, qui avait glacé lentement l'âme du pape Montini après le
concile. Personne n'a osé reconnaître le Trafalgar spirituel planétaire
qui anéantit la catholicité. Officiellement tout va très bien dans
l'Eglise de Jésus-Christ.
Quant
aux évêques français, réunis à Lourdes au moment de cet
anniversaire, c'est du bout des lèvres qu'ils ont évoqué Vatican II.
Après 40 ans, alors qu'il faut bien reconnaître à ce Concile une
sorte de maturité historique, ils auraient pu entreprendre l'un de ces
fameux examens de conscience, qu'ils savent si bien prescrire lorsqu'il
s'agit de l'action de leurs prédécesseurs. Mais l'important pour eux
est ailleurs, ils réclament simplement « une reconnaissance sociale
qui permette un service de tous sans exclusive » (dixit Mgr
Ricard, archevêque de Bordeaux et actuel président de la Conférence
épiscopale).
Alors,
si personne n'a osé dire du mal de ce funeste concile, nous voulons
quant à nous lever ce tabou ou briser ce totem. Ce n'est pas en un jour
que sautera l'omerta cléricale qui entoure tout ce qui touche à
Vatican II. Mais nous savons que nous pouvons critiquer les documents
issus de cette illustre assemblée, puisque le pape Paul VI, son interprète
le plus autorisé, nous en donne lui-même le droit, écrivant le 12
janvier 1966, à l'issue de la dernière session : « Etant donné son
caractère pastoral, le concile a évité de proclamer de manière
extraordinaire des dogmes affectés de la note d'infaillibilité. »
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NB
: Ceux, parmi nos lecteurs, qui trouveraient d'emblée notre démarche
trop audacieuse, peuvent se reporter immédiatement à la Déclaration
finale du Premier Symposium de Paris [dans
le même numéro - NOTE DU WEBMASTER].
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