Je
veux parler de l’historicité des Evangiles que nous voyons attaquée
de toutes parts par des exégètes chrétiens et défendue par des
scientifiques qui n’ont parfois rien de chrétien mais qui se voient
taxés ipso facto de fondamentalisme
fanatique. Les chrétiens ordinaires, intimidés, finissent par se
persuader qu’il faut croire sans se poser de questions car
l’alternative consiste à continuer à en poser et à être vilipendé :
autrement dit le choix consiste à faire semblant d’être intelligent
et se comporter comme un âne, ou à faire semblant d’être un âne et
se comporter de façon intelligente.
C’est
vrai, nous ne sommes aujourd’hui qu’une petite minorité à dire, à
croire, à démontrer que les Evangiles racontent des faits historiques,
alors qu’il s’agit là d’une vérité de foi encore affirmée au
dernier concile et crue par tous les chrétiens des siècles passés y
compris par les génies les plus extraordinaires. Mais en dépit du
grand tintamarre qui retentit pour divulguer l’opinion contraire, une
petite voix s’élève toujours, celle de l’enfant des Habits
neufs de l’empereur d’Andersen, pour demander : mais en
fait les histoires des Evangiles, c’est vrai ? Et comment lui répondrons-nous ?
Comment pouvons-nous être sûrs de l’historicité des Evangiles,
autrement dit pourquoi pouvons-nous affirmer que les événements
qu’ils racontent se sont vraiment passés à un moment précis de
l’histoire, dans un pays déterminé, au milieu d’hommes et de
femmes qui portaient chacun un nom ? Que ces temps, ces lieux, ces
noms de personnes puissent être précisés aujourd’hui dans tous
leurs détails ou qu’ils ne le puissent pas, de toutes façons là
n’est pas la question.Mais leur existence réelle, matérielle,
charnelle est assurée. On peut dire qu’il n’y a pas dans ces récits
la moindre trace, de mythe, d’imagination ou de légende… Voilà ce
qui nous intéresse, ce que nous voulons savoir. N’en déplaise à
Messieurs les prédicateurs d’aujourd’hui ce n’est pas ce que les
auteurs des Evangiles ont personnellement voulu nous dire, ce ne sont
pas leurs idées ou leurs convictions que nous voulons connaître,
c’est ce qui est vraiment arrivé.
Un
premier indice de l’authenticité de ces écrits, c’est d’avoir résisté
à la plus universelle des contestations. Aucun texte au monde n’a
davantage été remis en question, critiqué dans tous les sens du
terme, aucun n’a été soumis à une persécution plus violente dont
le paroxysme sans doute est atteint de nos jours, avec une hargne sans
égal. Combien d’articles, de livres, de conférences, d’émissions,
pour démontrer que les Evangiles sont des histoires inventées. (Si
d’ailleurs leurs auteurs étaient vraiment persuadés que tout cela
est faux comment peuvent-ils perdre tant de temps à démontrer leur thèse.
Se fatigue-t-on à démontrer que le père Noël n’existe pas ?) Qui a
jamais vu une telle quantité de temps, d’énergie, d’argent, pour
établir que n’importe quelle autre religion est fausse ? Tout au
plus se préoccupera-t-on de leur nocivité. Si elles ne font de mal à
personne l’opinion générale est de laisser les religions aller leur
chemin. Le Christianisme au contraire est l’objet d’une haine pour
laquelle aucun effort, aucune dépense ne sont réputés
trop grands. Ce qui démontre deux choses : que les Evangiles sont
des textes authentiques sinon ils n’auraient jamais résisté à tant
d’attaques, et que la religion qu’ils ont fondée doit bien être la
vraie pour avoir suscité une telle conjuration de forces hostiles.
Comment
peut-on prouver que ce sont des contemporains du Christ qui ont écrit
les Evangiles ?
Un
autre indice qui montre « positivement » l’historicité
des Evangiles, c’est qu’ils ne peuvent pas avoir été inventés par
l’homme, ils sont absolument contraires à ce que n’importe quel
fondateur de religion sensé aurait pu inventer. L’amour pour les
ennemis, impensable partout ailleurs, le fait qu’il ne soit pas
indispensable de faire partie des croyants explicites (« ce
n’est pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur… ») pour être
sauvés (Evangile du jugement dernier : « Mais Seigneur quand
t’avons-nous vu avoir faim… etc. »), ni de faire partie de
l’élite, ou même des gens bien pour entrer au Paradis (exemple du
bon larron), plus incroyable encore les premiers disciples, les leaders
de la nouvelle religion présentés comme ne comprenant rien, trahissant
leur maître, n’ayant pas ou plus la foi en lui, et, cerise sur le gâteau,
leur chef finissant de la manière infamante que l’on sait. Comme
campagne publicitaire, qui dit mieux ? C’est absolument contraire
aux principes les plus élémentaires de la plus simple réclame – à
vue d’homme.
Mais
nous avons aussi des raisons archéologiques, philologiques et
historiques pour croire dans la réalité des faits qui nous sont
rapportés par les Evangiles. En effet, s’il peut être démontré que
ces récits circulaient déjà du vivant même des contemporains du
Christ, alors il semble bien difficile de soutenir la thèse de la légende.
Si quelques exaltés venaient crier sur les toits aujourd’hui qu’un
inconnu a, il y a quelques années, ressuscité les morts et fait courir
les paralysés, qu’il a été suivi de foules et est ressuscité –
et ceci en France, dans votre propre pays, les croiriez-vous ? Et
leur « messie » aurait-il la moindre chance de vous faire
accepter d’être pour lui mangé par les lions ?
Comment
donc peut-on prouver que des contemporains du Christ avaient déjà écrit
les Evangiles ? Il existe plusieurs moyens. Mais tout d’abord il
faut savoir qu’en 70 « après Jésus-Christ », (c’est-à-dire
soixante-dix ans après la date présumée de la naissance de Jésus-Christ,
et quarante tout au plus après l’Ascension), Jérusalem a été complètement
détruite par les Romains, les juifs exterminés ou déportés, et le
Temple de Jérusalem démoli, incendié. Ce Temple, essentiel pour le
culte juif, pour la culture juive, représentait tout ce qu’il y a de
plus sacré pour les habitants d’Israël et ne peut être comparé à
rien dans notre propre culture. Pour les habitants de la Palestine, la
destruction du Temple produisit un séisme comparable à ce que serait,
pour un catholique français, l’anéantissement de toutes les églises
du monde. A quoi il faudrait ajouter la disparition de sa langue, puisque
l’hébreu a disparu. Or si les Evangiles nous parlent de cette
catastrophe, c’est au titre exclusivement de prophétie. Il est vrai
que nos modernes exégètes croient avoir tout résolu en disant que les
fabricants d’Evangile, ayant constaté les faits, les ont fait prédire
par Jésus qui n’avait en fait rien prévu du tout. Comment pourtant
de tels faussaires n’auraient-ils pas, s’ils avaient déjà eu cette
audace, ajouté que la prophétie s’était bien réalisée ? Or
il n’y a strictement aucune allusion dans aucun des Evangiles, à l’épouvantable
génocide, à la fin d’un monde, à cet incendie du Temple comme à
une chose arrivée. C’est cet inexplicable silence qui a décidé
J.A.T. Robinson à affirmer que tous les quatre avaient forcément
été écrits avant 70. Mais il y a plus, il y a que les versions les
plus anciennes des Evangiles que nous possédons aujourd’hui sont écrites
dans un grec, certes grammaticalement parfait, mais rempli
d’expressions propres aux langues parlées par les juifs de cette époque.
Des expressions qui en grec sont incompréhensibles. Que veut dire :
« Jésus fixa sa face d’aller à Jérusalem » en grec ?
La même chose qu’en français : rien du tout. Mais en hébreu ?
En hébreu, cela signifie : « Jésus décida fermement
d’aller à Jérusalem ». Les expressions de cette sorte sont
peut-être des milliers dans les Evangiles.
Pourquoi
les Evangiles ont été écrits dans une langue sémitique
Deux
exégètes de renom ayant travaillé de façon indépendante en ont
relevé des quantités : Claude Tresmontant qui a longtemps enseigné
à la Sorbonne, était correspondant de l’Institut et a constitué un
dictionnaire hébreu-“ grec de la Septante ” (le grec que
parlaient, du temps de Jésus, les juifs émigrés hors de la Terre
Sainte) et l’Abbé Jean Carmignac, un des plus grands experts mondiaux
d’études bibliques et sans doute le plus grand pour la connaissance
de l’hébreu de Qumrân (celui de l’époque de Jésus).Il y avait un
troisième homme, disparu il y a quelques mois, juste avant de faire
connaître au monde ses splendides découvertes, Francis Marion, un
savant qui connaissait un nombre impressionnant de langues tant
anciennes que contemporaines, Par des voies complètement indépendantes
il parvient lui aussi à l’hypothèse de l’original en langue
sémitique. La
conclusion de ces trois chercheurs est unanime : les Evangiles dans leur
ensemble, et non des bribes recollées ensuite comme on se plait à le
dire aujourd’hui, ont été écrits dans une langue sémitique :
hébreu ou araméen (ces deux langues étant à peu près dans les mêmes
rapports que le suisse allemand et l’allemand, très proches, et
toutes les deux utilisées par les compatriotes contemporains de Jésus).
Dans cette hypothèse, les anciennes versions grecques que nous possédons
aujourd’hui seraient des traductions d’un original perdu. Ce qui
suffirait à établir que ces textes remontent avant 70, date à
laquelle comme nous l’avons vu, il devenait inutile voire dangereux de
parler ces langues. Or avant 70 les témoins oculaires des événements
ahurissants et certes inoubliables des Evangiles étaient toujours
vivants.
Pour
venir corroborer ces découvertes voilà que l’on découvre dans les
fameuses grottes de la Mer morte, à Qumrân ce qu’il était « impossible »
d’y découvrir puisqu’elles ont été fermées en 68 après
J.-C. (donc trop tôt) à cause justement de l’arrivée de l’armée
romaine qui allait détruire Jérusalem : un morceau tout petit,
c’est vrai, mais tout de même un morceau d’Evangile de Saint Marc
sur un fragment de papyrus, répertorié sous le nom de 7Q5, et les plus
grands papyrologues du monde de reconnaître que c’est bien de ce
texte-là qu’il s’agit tandis que les exégètes (non-papyrologues !),
forts de leurs propres convictions, entrent en convulsion pour le nier.
Et le morceau d’Evangile se trouve être incontestablement un
morceau de nos Evangiles déjà terminés et non un court récit qui
aurait pu être intégré plus tard dans une histoire encore dans
les limbes comme certains exégètes voudraient nous le faire croire.
Jugez vous-mêmes : « En
effet ils n’avaient rien compris à propos des pains car leur cœur était
endurci. Ayant terminé la traversée, ils abordèrent à Génésareth. »
Marc 6,52-53. Les quelques lettres du papyrus que nous possédons
s’imbriquent très exactement, comme la pièce d’un puzzle, dans ce
passage.
Une
date butoir : la chute de Jérusalem en 70
Carsten
Peter Thiede, un papyrologue allemand a encore ajouté à cela les
documents du Magdalen College : trois petits morceaux d’un même
papyrus écrit recto-verso, qui portent, ce n’est pas contesté, différents
passages de l’Evangile de Saint Matthieu. Naturellement ce qui est
contesté c’est leur date. Or le Professeur Thiede est formel :
ils datent du vivant des témoins oculaires, on peut les faire remonter
avant la chute de Jérusalem. Cela est établi par l’épigraphie. Le
papyrologue Heikki Koskenniemi, professeur à l’Université
d’Helsinki, le date de 60. Malheureusement, cette datation haute, qui
est seule scientifique, n’arrange pas les nouveaux exégètes, qui ont
besoin d’établir une distance chronologique importante entre le
Christ et les Evangiles, pour faire intervenir la première communauté
chrétienne, dont la foi aurait fabriqué l’image du Christ telle
qu’elle nous est parvenue. On nous permettra, quant à
nous, de préférer la vérité scientifique aux constructions
scientistes...
Complétons
ces informations par des découvertes toutes récentes. Le Professeur
Ilaria Ramelli de l’Université catholique du Sacré Coeur à Milan démontre
que plusieurs passages du Satiricon de Pétrone
sont des parodies de l’Evangile de Saint Marc.
Nous
y trouvons ainsi, au cours d’un banquet, une onction faite avec une
ampoule de nard préfigurant une onction funèbre, le chant d’un coq
interprété comme un présage de malheur et de mort – ce qui n’est
pas le cas normalement dans la culture latine –, l’épisode de
condamnés à la crucifixion par un gouverneur de province, surveillés
par un soldat pour que leurs corps ne soient pas volés, puis le troisième
jour le vol d’un des cadavres sur une croix qui est remplacé par un
autre, événement qui à son tour fait croire à la réanimation d’un
mort, enfin nous y trouvons la promesse d’un gros héritage à qui
mangera la chair d’un supposé richissime individu. L’auteur de la
recherche s’est appliqué à explorer tous les textes grecs et latins
antécédents pour voir si des thèmes semblables y étaient traités.
Aucun ne s’est trouvé être, de loin, aussi significatif. Les
historiens s’accordent pour le dire, le Satiricon
a été écrit autour de 64-65. Nous constatons que dans ces années-là
non seulement l’Evangile de saint Marc était rédigé mais qu’il était
connu à Rome, puisque, comme le démontre l’auteur, il est impossible
que l’Evangéliste à l’inverse se soit inspiré de Pétrone.
La même démonstration vaut pour un autre texte latin l’Hercules
Oetaeus, une tragédie de la même époque mais d’auteur
incertain, pour lequel il est impossible, nous dit toujours le
Professeur Ramelli, qu’il y ait eu copie de la part des Evangélistes :
en effet le mythe original évoqué par cette œuvre théâtrale, et
naturellement attesté avant elle, présente dans cette version des
modifications précisément sur les points qui ressemblent aux Evangiles
et seulement sur ceux-ci (par exemple les ténèbres et le tremblement
de terre, les appels au père, le Peractum est :
« tout est accompli », la mère accompagnant son fils sur le
lieu du supplice). C’est donc toujours dans le sens « Evangile
vers texte païen » qu’il y a lieu de voir l’imitation ou plutôt
la parodie, avec les conséquences sur la date de rédaction des livres
saints qui en découlent.
Il
faudrait ajouter à cela tous les « indices » que
contiennent les Evangiles et qui sont légion. « Il y a à Jérusalem »
dit l’Evangile de saint Jean « une piscine à cinq portiques ».
L’Evangile de saint Jean, celui que tous s’accordent à reconnaître
comme le plus tardif, parle au présent : « Il y a »
et non « Il y avait ». Si cette piscine était détruite
depuis de longues années, comment expliquer ce lapsus ? Il faut
bien admettre que la ville de Jérusalem n’avait pas encore été détruite
au moment de la rédaction de ce passage, qui est donc antérieur à 70.
Quant
à cette piscine elle-même dont on n’arrivait pas à concevoir
comment elle aurait pu avoir cinq portiques, que n’a-t-on pas imaginé
comme mythes et comme symboles pour « expliquer » cette
caractéristique qui ne « pouvait » pas exister !
jusqu’au jour où elle a été découverte par les archéologues avec
son cinquième portique qui reliait les cotés les plus longs en passant
au-dessus des eaux.
Si
de fait la parole passe aux archéologues voici que de nombreux
pseudo-mythes des Evangiles s’effondrent. Ponce Pilate, réputé
longtemps pur produit de l’imagination des évangélistes, apparaît
inopinément sur une pierre découverte à Césarée, accompagné, ne
nous privons de rien, de son titre de Préfet de Judée qui avait fait
se gausser les experts. Faute de mieux, ce fut sa femme (et ses rêves)
qui furent relégués au rang d’« invention tardive »,
avec cet argument massue que les fonctionnaires romains n’avaient pas
le droit d’emmener leur femme avec eux dans ces provinces lointaines.
Et puis, quelqu’un s’est aperçu que la loi avait été révoquée
juste à temps pour Ponce Pilate…
Le
grec des Evangiles est grammaticalement impeccable sauf que…
Puisque
nous parlons de Ponce Pilate, une autre petite anecdote le concernant
– parmi des quantités d’autres soulignées par d’autres savants,
relatives à tel ou tel passage de l’Evangile et corroborant leur
historicité – vient d’être révélée par l’abbé Pierre
Courouble, après vingt siècles. Nous disions que le grec des Evangiles
est grammaticalement parfait. Il y a au moins deux exceptions. Elles se
trouvent dans la bouche même du fonctionnaire romain : « Quelle
accusation portez-vous contre cet homme ? » et puis :
« Ce qui est écrit est écrit ». Ces deux phrases renferment des
« latinismes », c’est-à-dire des fautes (ici de grec) que
seule une personne parlant habituellement latin pouvait faire.
Exactement comme un Russe parlant mal le français fait sauter tous les
articles ou comme un Anglais répondant « Oune petite »
quand on lui demande s’il parle français. C’est saint Jean, réputé
le plus récent des quatre évangélistes, qui rapporte ces deux phrases
du Préfet de Judée. Comment les aurait-il inventées, et comment même
les aurait-il relatées, précise l’abbé Courouble si ceux qui le
lisaient n’avaient pas été contemporains des faits ?
Après
toutes ces raisons pour lesquelles il est vraiment difficile de pouvoir
définir les Evangiles autrement que comme des récits reproduisant la réalité
des faits, il nous faudrait voir les motifs avancés aujourd’hui pour
justifier qu’on puisse s’élever contre de telles conclusions. Mais
d’abord rappelons que ces écrits ont toujours été pris, jusqu’à
ce qu’apparaisse l’exégèse moderne, comme le résultat d’une
volonté de raconter des événements ayant vraiment eu lieu et non
comme des histoires symboliques visant à dire tout autre chose que ce
qui « a l’air » d’être raconté. Cette volonté de
distinguer ce qu’on a voulu dire de ce qui est dit (exemple :
« Les Evangélistes écrivent ceci… mais c’est cela qu’ils
ont voulu dire ») – ou encore de dissocier le Jésus de
l’histoire du Jésus de la foi – n’a jamais effleuré aucun des
grands penseurs du passé.
Les
moyens variés de démontrer la non-historicité des Evangiles ont tous
un point commun : ils partent du principe que le surnaturel ne peut
absolument pas se manifester de manière objective dans notre univers.
Entendez que pour beaucoup de nos docteurs en théologie, il n’existe
pas. Or ce surnaturel, on le retrouve presque à chaque page des
Evangiles. Il va donc falloir « expliquer » sa présence et
pour cela les moyens les plus divers sont autorisés. Tous sauf un :
celui justement qui consiste à reconnaître la possibilité métaphysique
du surnaturel. Cette explication même en dernier recours est exclue a
priori avec le libéralisme qui s’impose.
Des
attaques gnostiques contre l’authenticité des Evangiles
Il
nous faudrait donc parler ici des Evangélistes, qui se seraient tous
inspirés de saint Marc, il faudrait discuter des Logia et de la source
Q, des « communautés » qui auraient inventé en toute bonne
foi quelques mensonges ayant trompé le monde pendant vingt siècles, il
faudrait revenir sur des « genres littéraires »
pseudo-panacée explicative, il faudrait montrer que les Evangiles
n’ont pas pu être simplement copiés de l’Ancien Testament,
qu’ils ne se sont pas inspirés d’écrits juifs largement postérieurs.On
devrait sans doute s’attarder sur ce chef-d’œuvre de labyrinthe
chinois que cache le terme de « Formgeschichte ».On pourrait
recenser ces merveilleux passages soi-disant « ajoutés par la
suite » qui permettent à l’exégète rationaliste de se tirer
d’affaire dans les situations par trop embarrassantes. Et quelles sont
ces prétendues « contradictions » des Evangiles qui
autorisent à jeter le doute sur l’ensemble des textes sacrés.
J’aurais pu vous entretenir de diverses thèses sur leurs origines païennes
(imaginaires) – et, finalement, de l’origine gnostique (par trop réelle)
des attaques dont ils sont l’objet. Ce dernier point fournissant la réponse
à cette question qui m’a souvent été posée : pourquoi
cette diffamation systématique et acharnée de la religion chrétienne ?
Quel intérêt, quel avantage y a-t-il à cela ? Tout cela je
l’examine dans Les Evangiles sont des
reportages (éd. Téqui) pour démontrer
que nous avons affaire à une mystification gigantesque. Faute de place,
je ne puis fournir ici le détail de ces analyses. Mais à la question
de savoir comment faire pour lutter contre ce raz de marée qui détruit
jusqu’aux fondements de notre civilisation, je répondrai : il faut
agir sur plusieurs plans : celui de la prière évidemment, celui
de l’information –il faut réévangéliser les Chrétiens qui
ne savent plus se défendre… – et enfin je crois qu’il faut lutter
de l’intérieur de l’Eglise, même si beaucoup de ses pasteurs
l’ont trahie, parce que prendre des distances avec le pape et les évêques
c’est immanquablement se faire traiter d’hérétique par ceux qui
veulent la perte de cette Eglise, et qui réagissent ainsi pour mieux égarer
les brebis de bonne foi.
Il
faut réévangéliser les Chrétiens qui ne savent plus se défendre
Je
reconnais que les propagateurs de ces idées en sont souvent les premières
victimes, et ne désire qu’une chose : qu’ils les remettent en
question. Si j’ai pu ici offenser quelqu’un, le peiner, qu’il
sache que j’ai en horreur de faire souffrir mais j’abomine davantage
que d’autres endurent de bien plus terribles tourments parce qu’ils
perdent la foi. Je ne puis plus supporter l’outrage fait à Celui qui
a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ».
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