Qu'est-ce
que cette romanité dont Mgr Lefebvre parlait si souvent ?
Evitons
de faire de la romanité une ambiance, un parfum (encens, bien sûr) un
esprit même, volatile et élastique, bref un sentiment. La Romanité
est la Foi catholique elle-même lorsqu'elle travaille à tout instaurer
dans le Christ. Il faut les deux ; la foi et la volonté de tout
instaurer dans le Christ. Rome n'a plus aucune romanité par la raison
qu'elle sert l'homme et non plus le Christ. Nous qui voulons «
ramener toute intelligence au service du Christ », sachons garder
cette industrieuse ingéniosité qui ne ferme jamais aucune porte pourvu
qu'on puisse l'ouvrir sur l'Evangile.
La
Romanité est un entonnoir spirituel : il ramasse tout, mais ce qui en
sort est parfaitement catholique.
Comment
caractérisez-vous les sacres de 1988 ?
Les
sacres de 1988, c'est la liberté. Laquelle consiste dans le choix des
moyens — comme chacun sait— étant sauf l'ordre de la fin. Nous ne
sommes rien de plus que nous n'étions avant ; mais Mgr Lefebvre nous a
donné le moyen de rester catholiques tout à fait, sans peur du
lendemain. À ceux qui comparent les négociations de la Fraternité
Saint Pie X aujourd'hui avec celles de la
Fraternité
Saint Pierre, je dis seulement qu'ils n'ont pas compris les sacres. Les
sacres n'assurent pas notre unité, c'est la foi qui s'en charge. Le trésor
de la Fraternité Saint Pie X, c'est la liberté qu'elle donne à ses prêtres
de se mouvoir dans la Foi. Le pire obstacle à cette liberté eût été
d'avoir peur, en 1988. Cela dit, on l'aura compris, les sacres relèvent
du moyen. À nous de profiter de ce moyen, plutôt que d'en ressasser la
possession.
La
Fraternité Saint-Pie X est-elle une avant-garde ou une arrière-garde
dans le combat catholique aujourd'hui ?
Arrière-garde,
c'est humiliant. Avant-garde, c'est faux. Je dirai plutôt l'aiguillon
dans la chair. Cette chose dont l'église conciliaire voudrait se débarrasser
à tout prix, mais que Dieu maintient pour la corriger, l'humilier... la
ramener à un devoir.
La
Fraternité a(vait) deux options à cet égard : piquer sans cesse,
comme peut faire un aiguillon. « Reprend, menace, exhorte... », comme
dit saint Paul à Timothée. Ou bien, deuxième option, faire sa place
au soleil pour croître et vaincre le mal par l'abondance du bien. Elle
n'a plus fait depuis dix ans ce travail de dénonciation publique. Il ne
lui reste plus que la deuxième option et ceux qui conseillent
aujourd'hui la première (qu'ils n'ont pas faite) arrivent dix ans trop
tard, et donnent des conseils qu'ils n'ont pas suivis. Nous payons le
silence des années 90... Profitons au moins de la grâce de l'an 2000.
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