En
ces temps de négociations et de post-négociations entre Rome et la
Fraternité Saint-Pie X, il nous a paru opportun de publier une enquête
auprès des prêtres de cette Fraternité. Ils ont réputation d'être
intraitables et enfermés dans un autre temps. On chuchote qu'ils sont
également très divisés.
Cette
enquête auprès des VIP du district de France révèle que les calculs
des uns et les supputations des autres s'avèrent aux antipodes de la réalité.
La Fraternité Saint-Pie X apparaît profondément romaine, vraiment
ecclésiale et en même temps chacun de ceux qui s'expriment ici le fait
avec son tempérament, son expérience pastorale et, je crois, oui, en
un mot, son coeur, son coeur de prêtre de Jésus-Christ. Ces prêtres
ne sont pas des clones timides et qui n'ouvrent pas la bouche sans en référer
à leur autorité, comme on le voit trop souvent chez ceux qui restent
solidaires du funeste Concile. Les différences de sensibilité
apparaissent bien dans les réponses à la dernière de nos quatre
questions : « Vous sentez-vous plutôt à l’avant-garde ou à
l’arrière-garde du combat catholique ? » Il est vrai qu'à
peu près toutes les positions ont été tentées ; mais quelle que soit
la réponse donnée, on ressent le même élan, la même foi et, en
profondeur, la même attitude vis-à-vis de l'autorité de l'Eglise. Au
fond, le pape tire sur ses propres troupes. L'état lamentable dans
lequel se trouve l'Eglise, l'absence apparente de recours pour assurer
la pastorale des diocèses, tout cela suggère que l'Eglise ne traverse
pas seulement une crise de société sans précédent mais aussi une
crise d'identité, une crise interne. Alors qu'elle met elle-même en
question sa romanité à travers des actes d'une exceptionnelle solennité
(comme le discours introductif au Concile Vatican II, ainsi que nous le
montrons dans ce numéro), la Fraternité Saint-Pie X que l'on essaie de
faire passer, au mieux pour une bande d'irréductibles Gaulois attardés
dans un autre siècle représente sans doute à vue humaine l'ultime
chance de la romanité dans l'Eglise.
On
peut trouver présomptueux voire prétentieux un tel jugement, en fait,
on est bien obligé de constater que dans l'Eglise, une constellation
traditionnelle semblable n'existe pas ailleurs. Ceux qui, à l'intérieur
des structures, portent encore le vieil héritage romain sont tout juste
tolérés et le plus souvent impitoyablement marqués de l'étoile jaune
de l'intégrisme. Leur liberté d'action et de rayonnement existe mais
elle est limitée. La Fraternité Saint-Pie X n'a pas - Dieu soit loué
! - le monopole de la romanité dans l'Eglise. Elle est la romanité
libre et sûre d'elle-même...
(G.
de T.)
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